COMME SI NOUS Y ÉTIONS, OU PRESQUE, par François Leclerc

Billet invité.

Que s’est-il passé hier soir à Bruxelles, lors de la réunion de l’Eurogroupe qui avait été présentée comme décisive, et qui ne l’est plus ? La réunion ayant tourné court, Jeroen Dijsselbloem a donné au gouvernement grec jusqu’à vendredi pour accepter un document demandant une extension du plan de sauvetage qui se termine à la fin du mois.

Yanis Varoufakis a dévoilé les dessous de l’affaire lors de sa conférence de presse : il s’était préparé à signer un document que lui avait présenté avant la réunion Pierre Moscovici, mais les termes de celui qui lui a ensuite été présenté lors de la réunion avaient été changés, le rendant inacceptable. Il ressort de ses explications qu’à des engagements réciproques équilibrés concernant les conditions de cet accord et les mesures prises par le gouvernement grec pendant les 4 mois de sa durée, avait été substituée une vague formule qualifiée par le ministre de « nébuleuse » qui laissait les mains libres aux créanciers de la Grèce.

L’intransigeance du gouvernement allemand semble avoir laissé sa marque. Serions-nous étonnés si l’on apprenait que Wolfgang Schäuble avait obtenu in extremis un durcissement du texte en question, afin que soit respecté son credo et coupé court à tout assouplissement autre qu’homéopathique ? Ce n’est pas un secret, le ministre allemand considère que cela donnerait dans toute l’Europe un mauvais signal et représenterait une incitation à lever le pied sur les réformes structurelles et la politique d’austérité budgétaire qu’il veut imposer.

Une brèche dans ce dispositif apparaissait possible ce week-end, mais elle supposait pour se concrétiser un soutien qui n’a été consenti que du bout des lèvres et des doigts. Certes, le ministre français des finances Michel Sapin a hier matin souhaité qu’il soit tenu compte de la volonté populaire, mais tout en demandant « le respect des règles », et le commissaire européen Pierre Moscovici a appelé à un accord, en précisant bien qu’il devait avoir comme cadre « le programme actuel ». Ni l’un ni l’autre ne se sont donné les moyens de peser et le résultat est là… C’est le seul qui a une politique qui l’emporte, ne voulant pas laisser émerger une alternative à la sienne.